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Johann Strauss Fils Convertir en PDF Version imprimable Suggérer par mail
Écrit par Administrator   
13-02-2009

Vincent Scotto Fils de Johann Strauss I (1804-1849), Johann Strauss II, est né à Vienne le 25 octobre 1825.

À six ans, Schani (ainsi l'appelait-on) compose sa première valse. Il apprend la musique en cachette de son père, ce qui est assez difficile, Strauss étant souvent en voyage à travers l’Europe. C'est l’organiste Drexler qui apprend à l'enfant les éléments d'harmonie, de contrepoint, de fugue... Presque sans effort, Schani devient un petit virtuose du violon.Les années passent, le jeune Johann a maintenant 18 ans... Il est possédé par le désir de se produire en public, comme papa. N’étant pas encore majeur, il use d’un stratagème pour obtenir une licence officielle et le voilà bientôt à la tête d’un orchestre. Il lui faut trouver un lieu d’accueil. Impossible à Vienne où l’impresario de son père fait bonne garde et menace les propriétaires d’établissements de la ville : s’ils engagent Schani, Strauss père désertera leurs maisons et leur interdira même d’exécuter ses œuvres. Mais l’impresario omet d’exercer son chantage sur les guinguettes de banlieue et voilà le jeune Strauss engagé à Hietzing au casino Dommayer. Le soir de la première arrive. Nombreux sont les Viennois venus en curieux. Johann apparaît dans un habit flambant neuf : il monte sur l'estrade. Il leva le bras droit et… la soirée se termine par un triomphe qu’un journaliste résuma ainsi le lendemain " Adieu Strauss père ! Bonjour Strauss fils ! " Informé, Strauss père, qui n’a nullement envie de prendre sa retraite, entre dans une violente colère et l’on peut affirmer qu'il ne se réconcilia jamais totalement avec son fils, même s’il laissait paraître une certaine fierté lorsqu’on évoquait devant lui ses succès.

Quelques années plus tard (1849), âgé seulement de 45 ans, Strauss père meurt de la scarlatine. Schani réunit ses propres musiciens avec ceux de son père pour former un grand orchestre de cinquante instrumentistes. Pendant quatre ans, la " Sophiensaal " résonna au rythme des quelque 300 valses, galops, mazurkas et polkas écrites par Johann, nouvelle idole de Vienne ! Idole des Viennois, mais surtout des Viennoises ! Malgré ses nombreuses aventures, Johann est incapable de s'attacher à une seule femme : il garde son amour le plus pur, le plus profond pour sa mère Anna... Johann travaille beaucoup pour faire vivre sa mère et ses frères. Fatigué, il réfléchit longuement et pense qu'il ne pourra plus mener de front les carrières de compositeur et de chef d'orchestre. Il décide de confier la direction de son orchestre à son frère Josef qui consent à abandonner les études scientifiques qu'il avait entreprises. Mais un directeur d’une compagnie de chemins de fer russe lui offre un imposant paquet de roubles pour lancer la nouvelle station mondaine de Pavlovsk ; il accepte sans hésiter. En Russie, les triomphes se succèdent, tant à la cour impériale que dans les soirées populaires. L'idole des Viennoises devient l'idole des belles dames de Russie.

Mais une idylle contrariée le fait revenir à Vienne où il
oublie rapidement son chagrin dans le tourbillon de la vie mondaine de la capitale. Le voici à nouveau amoureux, cette fois d’une chanteuse célèbre, Jenny Trefz, âgée de huit années de plus que lui. Le compagnon de cette dernière, le multimillionnaire Todesco accepte de rendre sa liberté à Jenny et même, la dote royalement ! Le mariage est célébré le 27 août 1862. Voilà Strauss définitivement à l'abri du besoin, il va pouvoir se livrer entièrement à la composition musicale.C'est à Hietzing, le village de banlieue où Strauss a débuté, que le ménage s’installe, dans une somptueuse demeure. Les jours vont s'y écouler calmes, tranquilles, heureux. C'est de cette période que datent les grandes valses symphoniques de Strauss : " Le Beau Danube bleu ", " Vie d'artiste ", " Histoires de la forêt viennoise ", " Aimer, boire et chanter ", " La Valse de l'empereur ", etc.

La musique de Strauss est célèbre dans le monde entier. Et voilà Strauss en France ! Il est présenté à l'Empereur et à l'Impératrice, Désormais, il n'y aura pas de soirée mondaine, pas de fête populaire sans Strauss et son violon.Jusque-là, Strauss n'avait jamais témoigné un goût particulier pour l'art lyrique. C'est sûrement poussé par sa femme Jetty, et par Steiner, le directeur du théâtre An der Wien, qu'il finit par accepter de composer des opérettes. Steiner lui-même écrit le livret de Indigo et les quarante voleurs ( Indigo und die vierzig Raüber ). La création a lieu le 10 février 1871. L'accueil est réservé, mais suffisamment aimable pour que la pièce soit exportée vers Paris où elle sera créée en 1875 à la Renaissance sous le titre de La Reine Indigo.

En 1872, Strauss est en Amérique où il a été invité à Boston pour le Festival de la Paix. Il dirige de nombreux concerts. Il rentre à Vienne en 1873 : au théâtre An der Wien., première du Carnaval à Rome ( Der Karneval in Rom ), le 1° mars. Une opérette dont nous ne retiendrons que l'ouverture.

L'heure de la Chauve-Souris ( Die Fledermaus ) va sonner. La première a lieu à Vienne le 5 avril 1874. On s'attendait à un triomphe, mais le public ne réagit que mollement. Strauss fait jouer son opérette à Berlin où elle est accueillie avec succès et La Chauve-Souris peut regagner Vienne en triomphatrice. Cette opérette demeure la grande réussite lyrique de Johann Strauss, une réussite qu'il ne retrouvera qu'avec Le Baron tzigane ( Der Zigeunerbaron ), mais avec moins d'éclat.
À Paris Meilhac et Halévy interdisent l'utilisation du livret, ce qui a pour conséquence l’écriture d’un nouveau texte qui n’a plus rien à voir avec l’original. Parallèlement, la musique est " tripatouillée " et apparaît plus dansante que chantante (Renaissance, 1877). Le succès est éphémère malgré la présence de Zulma Bouffar. Ce n'est qu'en 1904, aux Variétés, que La Chauve-Souris, présentée enfin dans sa version originale, traduite par Paul Ferrier, remportera un succès qui ne s'est jamais démenti depuis. À Vienne, création le 27 février 1875 de Cagliostro à Vienne ( Cagliostro im Wien ).

Infidèle pour une fois au théâtre An der Wien, c'est au Carl-Theater que Strauss présente son Prince Mathusalem (Prinz  Methusalem ) le 3 janvier 1877 dont il restera une valse " Joli mois de mai " et un quadrille qui fera le tour du monde sous le nom de " Bal masqué à l'Opéra ". Pendant toutes ces années brillantes, mouvementées, le ménage Strauss parait se maintenir... mais Jetty vieillit et Johann, de huit ans plus jeune, manifeste de plus en plus de goût pour les jeunes interprètes de ses opérettes.

Le 9 avril 1877, il découvre sa femme morte d’une congestion. Ne pouvant supporter l’idée même de la mort, il s’enfuit en Italie, laissant son frère Edouard enterrer la malheureuse Jetty. Johann rentre à Vienne pour assister à la première de Colin-Maillard ( Blindekuh ) le 18 décembre 1877. Il mène maintenant une existence sans intérêt, sans but, allant d'aventures amoureuses sans lendemains en aventures sensuelles insipides. C’est alors que cet homme de 53 ans rencontre Angelika, jeune personne de 26 ans, rencontrée au hasard d'un voyage. Le mariage a lieu le 27 mai 1878. Angelika avait un désir secret : monter sur les planches ! Strauss feint d'accéder à ce désir… la jeune femme se révèle rapidement aussi mauvaise chanteuse que médiocre comédienne. Alors, elle se met à jalouser la gloire de
son mari et elle commence à s'ennuyer. Elle devient la maîtresse de Steiner. Strauss pardonne aux deux coupables et rend la liberté à Angelika.

Le 1° octobre 1880, création du Mouchoir de la reine ( Der Spitzentuch der Königin ) au théâtre An der Wien. Sur la même scène, le 25 novembre 1881 : La Guerre joyeuse ( Der lustige Krieg ) avec la " Valse des baisers " et la " Marche des Habsbourg ". Strauss rencontre une jeune veuve de 21 ans, Adèle, qui par le plus grand des hasards s’appelait également Strauss. Il l’épouse le 15 août 1883 après avoir divorcé d’Angelika. Strauss, tout à son nouveau bonheur, parait avoir recouvré sa jeunesse ; il se met à pratiquer les sports, particulièrement l'équitation, afin de conserver sa ligne ; il va jusqu'à faire teindre ses cheveux et s'habille à la dernière mode. Strauss était devenu l'ami intime de Brahms et cette amitié devait couronner les dernières années heureuses d'une existence hors de pair. Dans son petit cercle d'amis, entretenu par l'affection d'Adèle, Strauss vivait quiètement, en se faisant à l'idée de vieillir. Toujours à la recherche d'un succès comparable à celui de la Chauve-Souris, Strauss ne cessait de composer des opérettes. C'est au Friedrich-Wilhelmstrasse de Berlin qu'il présente, le 3 octobre 1883, l’une de ses meilleures partitions, Une nuit à Venise ( Eine Nacht in Venedig ).

Au théâtre An der Wien, le Baron tzigane ( Der Zigeunerbaron ) voit les feux de la rampe le 24 octobre 1885. C'est le deuxième grand succès lyrique de Johann Strauss. Paris l’applaudira en 1895 à La Renaissance.
Suivront plusieurs ouvrages que nous ne citerons que pour mémoire, bien qu'ils contiennent tous des pages de grande valeur : Simplizius (1885), un véritable opéra, Le chevalier Pazman ( Ritter Pazman ) (1892), Ninetta (1893), Jabuka (1894), Le Maître de la forêt ( Der Waldmeister ) (1895), La Déesse Raison ( Die Göttin der Vernunft ) (1897).Le 22 mai 1899, Strauss prend froid en dirigeant une représentation de La Chauve-Souris. Il s’alite et le 3 juin au matin il s’éteint dans les bras d’Adèle.


 

(d’ après ANAO-Opérette, 62 rue Blanche, 75009 Paris)

 

 
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