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André Messager Convertir en PDF Version imprimable Suggérer par mail
Écrit par Administrator   
13-02-2009

André Messager " Élégance, charme et grâce " : comment échapper à l’excellente formule de Widor pour résumer l’art d’André Messager, qui fut vraiment l’un des plus grands compositeurs de l’école française d’opérette classique, mais qui de plus, a joué dans l’histoire de la musique en général, en France, un rôle prépondérant, tout en modernisant l’opérette et en l’ouvrant à des courants nouveaux. Chef d’orchestre prestigieux et directeur de théâtre éclairé, faisant preuve d’un éclectisme particulièrement fécond, il a propagé en France la musique de compositeurs importants mais ignorés, appartenant aux écoles les plus diverses, soit en les réhabilitant ou en les faisant redécouvrir, soit en contribuant puissamment à dissiper les grotesques préjugés qui s’étaient entassés contre eux.

Le compositeur de tant de " dentelles " musicales a ainsi œuvré en faveur des musiciens graves, sérieux, à la musique imposante et forte, située à première vue aux antipodes des partitions aériennes qui portent le nom de Messager. Éclectisme, donc, modernisme aussi, mais aussi et toujours, goût parfait. Gervase Hugues, un musicologue anglais qui perdait assez vite et assez fort toute objectivité et toute équité lorsqu’il s’agissait de juger un musicien français, a écrit sur Messager une phrase stupéfiante pour son auteur, car elle allie perspicacité et enthousiasme : " Il combinait richesse mélodique et économie de moyens avec la grâce fluide de Jules Massenet, l’élégance aristocratique de Camille Saint Saëns et la subtilité raffinée de Gabriel Fauré ". La combinaison n’est étrange que pour les aristarques qui s’obstinent à distinguer musique légère et musique sérieuse, oubliant que l’opposé de " léger ", c’est " lourd ". Peut-être l’art ne se mesure-t-il pas à la quantité de décibels émis, - même s’il ne les exclut pas toujours - , mais avant tout à la vérité, l’émotion, la perfection de la forme, l’expression et l’expressivité.

André Messager est né à Montluçon (Allier) le 30 décembre 1853. Dans sa famille, aisée à l’époque de sa naissance, on ne rencontre pas de musicien. C'est donc en dehors d’elle que se dessinera sa vocation. Il fait ses études chez les pères maristes où lui sont données quelques leçons de piano. Il a 14 ou 15 ans lorsqu'il reçoit les leçons d'un véritable professeur.

Brusquement ruinés, les parents du jeune Messager ne peuvent plus envisager pour leur fils de longues et coûteuses études. Ils obtiennent toutefois une bourse qui permet au jeune homme, alors âgé de 16 ans, d'entrer à l'école Niedermeyer. Messager apprend son métier dans d'excellentes conditions avec Gigout puis Saint-Saëns comme professeurs.

Il quitte l'école Niedermeyer en 1874. Pour gagner sa vie, il devient organiste à Saint-Sulpice. Pendant 10 ans, il s'en tiendra à ce métier de musicien pauvre. Cherchant de l'argent, il participera toutefois à plusieurs concours. Ainsi, en 1875, il compose une symphonie pour grand orchestre avec laquelle il obtient le prix attribué par la Société des Auteurs et Compositeurs. Cette œuvre est donnée en 1878 aux Concerts du Châtelet, dirigés par Colonne. Il compose également à cette époque deux cantates "Prométhée enchaîné" et "Don Juan et Haydée".

Il se produit pendant une courte période à l'Eden-Théâtre de Bruxelles, où il apprend la direction d'orchestre. En 1884, il tient le grand orgue de Saint-Paul-Saint-Louis. En 1882, il est maître de Chapelle à Sainte-Marie les Batignolles, où il a Claude Terrasse comme assistant.

Mais le théâtre est le débouché le plus fructueux pour un jeune musicien, à condition d'être connu. Pour ce faire, il accepte la place de chef d'orchestre et de compositeur attitré de ballets aux Folies-Bergère.

Vers les années 1880, il se cherche, lorsque le hasard lui fait aborder le théâtre lyrique et décide ainsi de son avenir. Son éditeur lui demande de terminer l'opérette commencée par Firmin Bernicat, jeune musicien talentueux qui vient de mourir en laissant inachevée son opérette François-les-Bas-Bleus. Messager s'acquitte de sa tâche en composant 13 des 25 morceaux de l'ouvrage, en en terminant quelques-uns et se chargeant de l'orchestration. François-les-Bas-Bleus est représenté avec succès le 8 novembre 1883.

1883, c'est également l'année où Messager épouse une vague cousine par alliance, Mlle Edith Clouet.

Il compose à cette époque un recueil de mélodies. Messager commence à sortir de l'incognito, les théâtres s'ouvrent devant lui. Ses premiers succès : les opérettes La Fauvette du Temple (17 novembre 1885) et La Béarnaise (12 décembre 1885), chantée par Jeanne Granier, son ballet Les deux pigeons représentés sur la scène de l'Opéra (18 octobre 1886). Son opéra-comique Le Bourgeois de Calais (1887) et son opérette Le mari de la Reine(1889) sont des échecs. Par contre Isoline, conte de fée lyrique est bien accueilli.(1888). A cette époque Messager publie une série d’œuvres pour piano.

Parallèlement à celle de compositeur, Messager entame une carrière de chef d'orchestre. Il débute en 1892 comme chef wagnérien en dirigeant La Walkyrie à Marseille. En 1890, il avait fait représenter salle Favart son opéra-comique La Basoche, œuvre d'une rare qualité. Les années suivantes, Messager, qui a besoin d'argent, travaille souvent sur commande et ne donne pas le meilleur de sa production. De plus, il a des ennuis sentimentaux et divorce. Madame Chrysanthème (comédie lyrique) et Miss Dollar (opérette) ne sont pas des succès.

En 1894, à Londres, il présente une nouvelle opérette Mirette, composée en collaboration avec Miss Hope Temple, musicienne qu'il devait bientôt épouser… et dont il divorcera quelques années plus tard.

La fin du XIX° et le début du XX° siècle sont considérés comme la période la plus brillante de Messager. Comme compositeur, il s'associe aux librettistes Vanloo et Duval pour produire Les p'tites Michu (1897), Véronique (1898) avec le couple Jean Périer/ Mariette Sully, et Les Dragons de l'Impératrice (1905), opérettes qui furent représentées avec le succès que l'on sait. De 1899 à 1904, Messager assure les fonctions de directeur de musique à l'Opéra-Comique. Pendant 5 ans, il sera au service de la musique des autres. En particulier, il aide les compositeurs français. Nous devons à Messager la création à l'Opéra-Comique de Pelléas et Mélisande de Debussy.

Comme chef d'orchestre, on le trouve régulièrement au pupitre de l'Opéra-Comique. Les critiques sont unanimes pour reconnaître ses qualités de chef.

En 1907, il fait représenter, salle Favart, Fortunio d'après Le Chandelier de Musset. Cet ouvrage est un modèle de comédie lyrique dans le goût français. A partir de 1908, Messager dirige l'orchestre de la Société des Concerts du Conservatoire. De 1908 à 1914, il assure les fonctions de co-directeur de l'Opéra de Paris.

Il faut attendre 1919, à Birmingham d’abord, à Londres ensuite, pour assister enfin à la création d'une nouvelle opérette de Messager : Monsieur Beaucaire, dont le théâtre Marigny accueillera la version française en 1925 avec l’incontournable André Baugé.

En 1923, André Messager est nommé Président de la Société des Auteurs et Compositeurs. En 1926, il est reçu membre de l'Institut.

Au cours des 8 dernières années de sa vie, Messager ne dirige plus de théâtre. Ses talents de chef d'orchestre ne s'exercent que rarement. Mais il compose encore.

Malgré ses soucis de santé, il fait du neuf, à son âge ! Il va mettre définitivement au point la comédie musicale à la française et lui donner des titres de noblesse. Cet orchestrateur raffiné va réduire son orchestre aux dimensions des autres opérettes des années folles.

La Petite Fonctionnaire (1921), alerte et simple, mais d’une écriture recherchée, ouvre la marche.

C'est avec L'amour masqué (1923), fructueuse rencontre du musicien avec Sacha Guitry et Yvonne Printemps, qu’il prend le dernier tournant. Tout d'abord, la proportion du parlé et du chanté se trouve définitivement inversée au profit du parlé. Par ailleurs, les conditions économiques ont changé et le public s'est " démocratisé ", le nombre de personnages se réduit, le chœur est ramené à des proportions étiques. Quant au livret lui-même, son action se situe de façon quasi exclusive dans un milieu citadin (et même parisien) contemporain, même si Passionnément et Coups de roulis qui suivent font la part belle à la mer et aux navires.

La liberté de mœurs des années folles se retrouve, elle aussi, dans une intrigue bien plus libre et plus libertine que celle de l’opérette française classique. Bien sûr, c’est toujours le Messager d’antan et l’on retrouve dans Passionnément des échos du passé : l’influence de Gabriel Fauré et d'Emmanuel Chabrier (l’Etoile) notamment. Mais par ailleurs, il ne se laisse pas envahir par les rythmes nord-américains comme ses contemporains. L’invention mélodique n’est plus aussi uniformément riche qu’avant, mais a gardé cette suprême élégance, cette distinction si typique pour Messager et, si elle n’est plus aussi touffue, elle est encore en maints endroits inattendue et ne recourt jamais aux poncifs.

André Messager s'éteint à Paris, le 24 février 1929. Son opérette posthume Sacha sera terminée par Marc Berthomieu et créée Monte-Carlo (1933).

 

(d’ après ANAO-Opérette, 62 rue Blanche, 75009 Paris)

 
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