Bienvenue sur le site officiel du Festival de l'opérette d' Aix-les-Bains (Savoie).
La grande Duchesse de Gerolstein Convertir en PDF Version imprimable Suggérer par mail
Écrit par Webmaster   
02-04-2010

1867. L'Empire est à son apogée. L'exposition ouvre ses portes le 1eravril et le public va pouvoir admirer les progrès du commerce et de l'industrie. Les visiteurs, notamment les étrangers, viennent aussi pour se distraire, grâce à Paris, ses théâtres, ses restaurants, ses petites femmes…

Jacques Offenbach est au sommet de sa gloire. Le triomphe de La Belle Hélène (1864) et de La Vie Parisienne (1866) sont encore dans tous les esprits.

À la fin de 1866, Offenbach et ses deux complices, Meilhac et Halévy, se mettent au travail et préparent La Grande Duchesse de Gérolstein qui est présenté sur la scène des Variétés au moment de l'ouverture de l'exposition.

Avec cet opéra bouffe, Offenbach et ses auteurs parodient, sous une apparence frivole, les petites cours européennes et l'Armée, ou plutôt l'esprit militaire déformé et l'amour immodéré du galon. Après la malheureuse expédition du Mexique (1862-1867) et la défaite de l'Autriche à Sadova (1867), les critiques contenues dans La Grande Duchesse prennent plus d'importance qu'il n'y paraît au premier abord.

Les répétitions se déroulent dans de bonnes conditions. Hortense Schneider, satisfaite de son rôle, contrôle ses nerfs et ne crée pas d'incident grave.

Par contre, au moment du lever du rideau de la première représentation, elle apprend que la censure estime que le Grand Cordon et la Croix fantaisistes qu'elle doit arborer sur son costume, risque de faire affront à l'Empereur. On la prie de retirer ces décorations. La jeune femme se fâche, sanglote, refuse de jouer... Offenbach, sans perdre la tête, ordonne au chef d'orchestre d'attaquer l'ouverture. Quelques instants plus tard, Hortense entre en scène, les yeux séchés, le sourire aux lèvres, et sans le Cordon. Certes, certains historiens restent sceptiques sur la véracité de cette anecdote. Légende ou pas, on pouvait, l’année suivante admirer le portrait de la diva, peint par Pérignon. Sur le costume, elle arborait fièrement sa belle décoration.

Après quelques représentions, au cours desquelles les auteurs font quelques ajustements indispensables, Paris fait un accueil triomphal à La Grande Duchesse, à Offenbach, Meilhac, Halévy et Hortense Schneider qui devient la véritable reine de Paris.

Un défilé d'Empereurs, de Rois, de Princes de tous les pays vient l'acclamer et lui présenter ses hommages. Ces têtes couronnées la traitent comme une véritable Grande Duchesse. Ils sont tellement nombreux ces rois, à lui faire la cour, que la chronique scandaleuse s'en donne à cœur joie. Léa Silly, son ennemie intime (avec laquelle elle s’était sans cesse disputée au moment de La Belle Hélène), surnomme Hortense "le passage des princes". Méchant peut-être, mais sans doute pas toujours faux.

Bientôt, La Grande Duchesse est jouée un peu partout dans le monde.

On note plusieurs reprises de La Grande Duchesse de Gérolstein à Paris. Paola Marié (1878), Anna Judic (1887), Jeanne Granier (1890) et près de nous Germaine Roger (1948), Suzanne Lafaye (1966), Régine Crespin (1981) ont chanté le rôle créé par Hortense Schneider. Après 1890, Le " Bruyas " ne signale aucune série de représentations, dans la capitale, de l’opéra bouffe d’Offenbach, avant la malheureuse reprise " tripatouillée " de la Gaîté-Lyrique (octobre1948). Renouvelant leur expérience de 1942 avec Les Cent Vierges, Albert Willemetz et André Mouezy-Eon rédigent une nouvelle version de l’ouvrage d’Offenbach baptisé La Grande Duchesse. Les rôles de Wanda et de la Grande Duchesse sont tenus par la même artiste (Germaine Roger). Fritz devient Frantz (Jacques Jansen). En février 1949, l’ouvrage est retiré de l’affiche. Aujourd'hui, si la nouvelle version des Cent Vierges a réussi à supplanter l’originale au grand dam de certains, celle de La Grande Duchesse est heureusement tombée dans les oubliettes.

Les " Baladins Lyriques ", emmenés par Suzanne Lafaye et Jean Aubert ont donné La Grande Duchesse de Gérolstein au théâtre Marigny en 1966. La production du Capitole de Toulouse et du Grand Théâtre de Bordeaux créée à Toulouse le 6 avril 1979 a fait escale au Châtelet du 31 mai au 7 juin 1981. Régine Crespin était la Grande Duchesse. Le disque nous a gardé le souvenir de ces deux dernières versions (intégrales Decca et Emi).

Pour être complet, signalons la série de représentations données à l’Espace Sylvia Monfort en 1996 par Opéra Eclaté, avec un orchestre réduit et une mise en scène d’Olivier Desbordes, qui ne recueillirent pas tous les suffrages. Mais soyons honnêtes : le public s’est déplacé en grand nombre.

L’argument

L'action se passe vers 1720 dans le Grand Duché imaginaire de Gérolstein.

Acte I : Le camp des soldats du Grand Duché

En attendant leur départ pour la guerre, les soldats de la Grande Duchesse de Gérolstein chantent et dansent gaiement avec les paysannes et les vivandières. Boum, le général en chef, interrompt bientôt la fête. C'est Fritz, le plus beau, et sans doute le plus naïf des fusiliers, qu'il accuse être responsable du chahut. Il est vrai que Boum et Fritz se disputent le cœur de la petite Wanda. Le général, accepte mal que le beau soldat lui soit préféré par la jeune fille.

La souveraine a vingt ans et s'ennuie. Boum et le baron Puck, qui se partagent en fait le pouvoir, craignent l'apparition d'un favori. Pour la distraire, ils déclarent la guerre et lui cherchent un mari. Mais le Prince Paul, le prétendant retenu, jeune homme ridicule, laisse indifférente la Grande Duchesse. Elle refuse même de recevoir le baron Grog, envoyé extraordinaire du père du Prince Paul, qui a mission de la décider au mariage.

Ce jour-là, la Grande Duchesse vient passer ses troupes en revue avant leur départ pour la guerre. Elle remarque le beau soldat Fritz. Malgré la visible mauvaise humeur de Boum, elle lui fait gravir en quelques minutes tous les échelons de la hiérarchie militaire.

Le jeune homme se retrouve général, il conteste la tactique proposée par Boum pour la campagne qui s'ouvre. Son propre plan est retenu par la souveraine. Elle le nomme général en chef et lui confie le sabre de son père.

Acte II : Une salle du Palais Ducal

La campagne est terminée. Fritz a obtenu la victoire en faisant s'enivrer ses ennemis. Il revient en grand triomphateur. Boum, Puck, le Prince Paul font grise mine et complotent contre le presque favori. Tout le monde (sauf l’intéressé) se rend en effet compte que la souveraine est amoureuse de son beau vainqueur…

Son rang ne lui permettant pas de se déclarer ouvertement, elle lui fait des confidences à mots couverts. Fritz ne comprend rien de rien et va même, quelques instants plus tard, jusqu’à lui demander l’autorisation d’épouser Wanda. C’en est trop. La Grande Duchesse, furieuse, se joint aux conspirateurs.

Acte III : 1er tableau : La chambre rouge

Les conspirateurs se réunissent et il leur est intimé l’ordre de donner une bonne leçon au général Fritz. À cette occasion, la Grande Duchesse fait la connaissance du baron Grog. Sa belle prestance impressionne favorablement la souveraine. Le baron en profite pour plaider la cause de son Prince et finit par emporter la décision. La Grande Duchesse et le Prince Paul s'épouseront dans l'heure qui suit.

Nouveaux mariés, Fritz et Wanda ne restent pas seuls bien longtemps. Sur l'ordre de la Grande Duchesse, le général en chef est prié de monter à cheval et d'aller au-devant de l'ennemi qui fait un retour offensif.

2e tableau : Le camp des soldats du Grand Duché

Le Prince Paul et la Grande Duchesse sont mariés depuis quelques instants lorsque Fritz revient en piteux état, le sabre du papa de sa souveraine tout tordu.

En fait, Puck l'a envoyé chez une dame qu'il " visite " régulièrement en l'absence du mari, n’ignorant pas que ce dernier commençait à avoir des soupçons. Fritz est tombé sur le mari qui, le prenant pour le galant de sa femme, l’a copieusement rossé.

La Grande Duchesse est satisfaite. La conduite inqualifiable du général Fritz lui permet de le rétrograder. Il se retrouve simple fusilier comme avant. Elle accepte même sa démission de l'armée.

Enfin ! Elle va pouvoir disposer des honneurs en faveur du baron Grog qu'elle regarde avec de plus en plus de bienveillance ; en apprenant qu'il est marié et père de quatre enfants, elle a un moment de découragement. Se résignant enfin, elle rend grades et honneurs au général Boum et décide d'essayer, puisqu'elle ne peut avoir ce qu'elle aime, d'aimer ce qu'elle a.

Bonne fille dans le fond, elle nomme Fritz maître d'école dans son village : ainsi, au moins, il va pouvoir apprendre à lire !

 

(d’ après ANAO-Opérette, 62 rue Blanche, 75009 Paris)

 
 
< Précédent   Suivant >