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La fille de Madame Angot Convertir en PDF Version imprimable Suggérer par mail
Écrit par Webmaster   
02-04-2010

C'est à l'époque de la Régence, que ce patronyme de Madame Angot a été attribué, on ne sait trop pourquoi, au personnage de la femme du peuple subitement enrichie et évoluant dans le beau monde avec ses manières et son langage vulgaire.

Par certains côtés, le Directoire était le règne de la pagaille, des spéculateurs et du marché noir. C’est à ce moment que Madame Angot fit son apparition sur les planches où une bonne dizaine de pièces racontèrent ses aventures imaginaires. Des romanciers s'intéressèrent au personnage à qui ils attribuèrent mari, fille, et d'étranges aventures chez les Barbaresques.

Le souvenir de Madame Angot ne serait peut-être pas parvenu jusqu'à nous sans Lecocq et ses collaborateurs, qui lui permirent de connaître une renommée mondiale.

Si Madame Angot, et qui plus est Clairette Angot, sont des personnages imaginaires, Mademoiselle Lange et Ange Pitou ont réellement existé.

Mlle Anne Lange est née en 1772. Actrice à la Comédie Française, elle fut arrêtée en 1793 avec ses camarades pour avoir joué une pièce révolutionnaire. Ses relations lui permirent de recouvrer la liberté. Elle entra au Théâtre Feydeau et mena grand train sous le Directoire. Il est peu probable qu'elle ait eu une liaison avec Barras. En 1798, Jean Simons, un riche carrossier Bruxellois reconnaît son enfant et l'épouse. Elle abandonne le théâtre et meurt à Florence en 1826.

Ange Pitou est né à Châteaudun en 1767. Ancien séminariste, devenu chansonnier royaliste, il fut plusieurs fois arrêté sous la Terreur, mais échappa à chaque fois à la guillotine. Le Directoire le déporta à Cayenne. Il fut gracié par le Premier Consul Bonaparte, chichement pensionné par les Bourbons après la Restauration. Il devait vivre jusqu'en 1842.

On pense généralement que c'est Humbert, le directeur des Folies-Parisiennes de Bruxelles, qui suggéra aux librettistes et à Lecocq de situer l'intrigue de l’ouvrage qu'ils préparaient pour son théâtre sous le Directoire. Idée originale car jamais cette époque n'avait été traitée en opéra-comique. Deux personnages historiques, Mademoiselle Lange et Ange Pitou entouraient les héros imaginaires parmi lesquels la légendaire Madame Angot ou plutôt sa fille Clairette.

Aussi bien à Bruxelles qu'à Paris quelques semaines plus tard, La Fille de Madame Angot reçut un accueil triomphal. À Paris, elle fut jouée 411 représentations consécutives, avec un succès qui rappelait celui des grandes opérettes d'Offenbach.
Dès l'année de sa création parisienne l'ouvrage était chanté dans 103 villes de province. L’étranger ne tarda pas à l'adopter...

Jusqu’à la deuxième guerre mondiale, La Fille de Madame Angot a été régulièrement reprise à Paris. L’Histoire a retenu la représentation exceptionnelle donnée le 28 décembre 1918 à l’Opéra-Comique au bénéfice des œuvres de guerre. Une distribution éblouissante réunissait Edmée Favart (Clairette), Marthe Chenal (Lange), Marthe Davelli (rôle de Pomponnet joué par un travesti), Fernand Francell (Pitou), Félix Huguenet (Larivaudière), Maurice Renaud (Louchard), Dranem (Buteux), Max Dearly (Trénitz). Orchestre sous la direction de Reynaldo Hahn.

L’année suivante, l’ouvrage fut officiellement inscrit au répertoire de la salle Favart. Après la guerre, l’Opéra-Comique le repris à plusieurs reprises. La dernière série de représentation a eu lieu au théâtre du Châtelet en 1984. Heureusement, La Fille de Madame Angot s’est maintenue au répertoire des théâtres de province.

 

L’argument

Acte I : Sous le Directoire, la France respire à nouveau, après les massacres à la guillotine de la Terreur. Clairette Angot, orpheline de la célèbre mère Angot, des Halles de Paris, a été élevée dans un pensionnat chic, aux frais des marchands des Halles.
On lui a trouvé un mari, le coiffeur Pomponnet, mais elle préférerait de beaucoup le chanteur des rues Ange Pitou, un royaliste qui fait des chansons contre la République. Pour empêcher son mariage, Clairette chante une chanson défendue, et obtient ainsi d'être envoyée en prison.

Acte II : La chanson était dirigée contre Mlle Lange, une actrice qui est à la fois la favorite du Directeur Barras et la bonne amie du banquier Larivaudière. Cela ne l'empêche pas de conspirer, elle aussi, et de protéger secrètement Ange Pitou, sans qu'il s'en doute. Elle fait venir Clairette, pour savoir qui chante contre elle. À leur grand plaisir, les deux femmes se reconnaissent : elles étaient amies de pension.
Lange convoque aussi Ange Pitou, qu'elle aime, sans savoir qu'il est en fait l'amoureux de Clairette. Elle flirte avec lui. Le soir, les conspirateurs se réunissent chez Lange, mais de soupçonneux soldats républicains encerclent l'hôtel. Il ne reste plus à Lange qu'à simuler un bal de noces, avec Pitou et Clairette en fiancés. Mais Clairette découvre le double jeu de Pitou.

Acte III : Pour se venger, elle fait venir toute la Halle dans un bal populaire, où elle convoque Lange et Pitou en leur écrivant une fausse lettre, sous les noms respectifs de Pitou et de Lange. Le pot aux roses se découvre, Pitou et Lange sont démasqués : fureur de Larivaudière, embarras de Lange et de Pitou.
Mais les choses s'arrangent : Larivaudière doit ménager Barras, Clairette, entre le volage Pitou et le brave Pomponnet, se décide en faveur de ce dernier. Mais Pitou espère bien, qu’un jour, "elle fera comme sa mère".

 

 

(d’ après ANAO-Opérette, 62 rue Blanche, 75009 Paris)

 
 
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